Comment réaliser une étude de marché avant la création d’entreprise ?

Introduction – Pourquoi une étude de marché est indispensable ?

Avant la création d’entreprise, étude de marché et business plan constituent un rempart contre les mauvaises surprises. En France, 1 111 200 entreprises ont vu le jour en 2024, un record historique, mais le taux d’échec reste élevé les trois premières années. Valider votre idée, analyser l’offre existante et cibler les clients potentiels vous donne un avantage compétitif et rassure banquiers, investisseurs et partenaires publics. Sans cette démarche, le marché sur lequel vous voulez vous lancer risque de ne pas correspondre aux besoins réels ou d’être déjà saturé.

1. Définir le périmètre de votre étude de marché

Une étude de marché bien menée commence par la délimitation claire du secteur d’activité : produits ou services, zone géographique, règlementation spécifique. Commencez par cerner le marché sur lequel vous évoluerez ; identifiez la taille du marché, les segments de clientèle et les tendances du marché (digitalisation, RSE, consommation responsable). La Chambre de commerce et d’industrie (CCI) met à disposition des notes sectorielles et des bases de données utiles pour réaliser une étude de marché gratuite.

À savoir : selon l’article L123-1 du Code de commerce, toute future entreprise commerciale doit être immatriculée au registre du commerce et des sociétés ; cette formalité exige déjà une description précise de l’activité.

2. Méthodes qualitative et quantitative : deux volets complémentaires

Un même projet de création d’entreprise gagne à combiner étude de marché qualitative (entretiens, focus groups) et étude de marché quantitative (questionnaires, statistiques INSEE). La première révèle motivations profondes et freins psychologiques ; la seconde mesure la demande, le prix acceptable ou encore le volume de clients potentiels. Ce sont les deux types d’étude de marché incontournables pour analyser un secteur.

Préparer un questionnaire : ciblez 100 à 200 répondants pour une étude quantitative locale et veillez à tester le formulaire auprès de bêta-testeurs avant diffusion. Pour l’étude qualitative, 10 à 15 interviews semi-directives suffisent à dégager les grandes tendances.

3. Collecter des données gratuites et fiables

Pour faire une étude de marché sans exploser votre budget, exploitez des sources ouvertes :

• INSEE : chiffres clés par code NAF (évolution de la demande, panier moyen, niveau de marge).
• Bpifrance Création : dossiers Projecteurs sectoriels et fiches outils pour réaliser son étude de marché.
• CCI et Observatoires régionaux : études locales, veille réglementation.

Ces bases croisées avec la presse spécialisée et les bases de brevets vous aideront à identifier les innovations, estimer le chiffre d’affaires potentiel et repérer les barrières à l’entrée.

4. Observer les concurrents et se démarquer

Les concurrents influencent directement la viabilité d’une étude de marché. Analysez leur positionnement prix, leurs canaux de distribution et leurs arguments marketing. Pour chaque concurrent, répertoriez : gamme, part de marché estimée, stratégies web et réseaux sociaux. Synthétiser ces données vous permettra de vous démarquer et de préciser votre projet de création.

5. Analyser l’environnement de votre projet

Le marché n’évolue pas en vase clos : intégrez la conjoncture économique, l’évolution des taux, la législation sociale, la transition écologique et les innovations technologiques. Avant d’entamer vos dépenses, vérifiez si votre offre est compatible avec les normes (sécurité, environnement) et les dispositifs fiscaux (JEI, crédit d’impôt innovation).

L’article L631-2 du Code de commerce rappelle qu’une entreprise trop endettée peut être placée en redressement judiciaire : anticiper ces risques dans votre modèle financier est donc indispensable.

6. Valider votre idée : le Proof of Concept et les tests terrain

Vous pensez avoir la bonne idée pour votre entreprise et vous aimeriez pouvoir vous lancer dans la mise en place de votre projet ? Avant de mobiliser des fonds, transformez cette intuition en preuve concrète. Le proof of concept (PoC) consiste à confronter votre offre à un échantillon de clients potentiels : prototype, précommande ou série limitée. Les retours du terrain permettent d’analyser le tarif acceptable, d’ajuster le discours commercial et d’estimer un premier chiffre d’affaires prévisionnel.

Ces tests valident la viabilité technique et commerciale avant la rédaction définitive du business plan, rassurent les financeurs et vous donnent des arguments pour vous démarquer des concurrents déjà présentes sur le marché.

7. De l’étude de marché au business plan

Une étude de marché est indispensable mais elle ne suffit pas : vous devez transposer ses conclusions dans un business plan cohérent et chiffré. Durant cette étape, vous allez devoir concrétiser votre projet : définir votre modèle économique, détailler vos coûts, vos sources de revenus et la stratégie fiscale adaptée. Étape majeure de la création de votre entreprise, le business plan va vous permettre de déterminer le futur équilibre financier entre dépenses et encaissements, de fixer vos objectifs de chiffre d’affaires et de prouver que votre exploitation sera rentable.

Intégrez-y les enseignements de l’analyse de la demande, le positionnement face aux concurrents, les prévisions issues de votre étude de marché quantitative et les arguments qualitatifs recueillis auprès des clients potentiels. Enfin, explicitez les besoins de financement, le calendrier de trésorerie et les indicateurs de suivi : c’est cette cohérence qui rassurera banques, investisseurs ou organismes publics d’aide à la création d’entreprise.

Pensez à formaliser votre stratégie fiscale, vos besoins en fonds propres et votre plan de communication. Le banquier l’examinera pour vérifier si le marché peut générer assez de marge pour couvrir vos charges.

8. Financer votre projet de création d’entreprise

Après avoir évalué combien il faut pour atteindre l’équilibre, vous pourrez cibler les sources de financement : prêt bancaire, love money, crowdfunding ou subventions territoriales. Les aides de France Travail ou le prêt d’honneur Création-Reprise listées par Bpifrance soutiennent les entrepreneurs en phase de lancement.

Si votre projet est innovant, regardez du côté des business angels et du capital-risque ; votre étude de marché argumentée fera la différence.

9. Checklist légale et réglementaire avant de se lancer

• Immatriculation : obligatoire au RNE (registre national des entreprises) dans le mois qui suit le début d’activité, art. L123-1.
• Protection des données RGPD si vous récoltez des emails lors de l’étude de marché quantitative.
• Baux commerciaux et urbanisme commercial : pour les activités de vente au détail, vérifiez la compatibilité avec les schémas de développement commercial (art. L752-1 C. commerce).
• Responsabilité : assurance RC pro parfois imposée par la loi (art. L512-6 Code des assurances).

Ces points sécurisent votre projet d’entreprise et rassurent partenaires et futurs clients.

10. Conclusion – construire votre projet de création étape par étape

Nous avons vu comment réaliser votre étude de marché, transformer les données en stratégie et bâtir un business plan robuste. Avant de se lancer, gardez en tête que le marché visé évolue vite ; mettez donc à jour votre analyse tous les six mois. Une fois l’activité lancée, suivez vos KPI pour vérifier que la réalité colle à vos hypothèses.